HOOP ISLAND — VOICI UN SLAM DUNK RÉUSSI

Projet BD indépendant réalisé par deux passionnés, Hoop Island vient de se dévoiler avec un premier épisode des plus encourageants. L’occasion d’apporter un coup de pouce à ce projet qui, après lecture, laisse un vrai enthousiasme. FC Winchester.

Antoine Boudet
3 min readMar 5, 2021
Illustration (couverture Twitter) de Hoop Island par Antoine Zerafa

2221: après la crise climatique qui s’annonce aujourd’hui inévitable, une partie de l’humanité s’est construit son utopie pour se sauver. Mais pour le reste, les « rescapés », l’avenir s’arrête aux barricades de cette nouvelle société cosmopolite. Une apartheid qui va s’encrer culturellement… avant qu’un jeune coach de Basket, sport réservé à l’élite d’Utopia, ne se décide à aller prospecter les jeunes sportifs hors de la ville !

L’univers d’Hood Island est riche !
S’il laisse deviner ses influences assez rapidement, il n’en fourmille pas moins d’une énergie communicative en associant des codes du franco-belge, du comic-book comme du manga.
Une forme de fusion naturelle entre Last Man et Slam Dunk.
L’intrigue est classique, mais témoigne de la passion que met le scénariste Arthur Dahan à construire ses personnages, leur environnement et leurs personnalités. Certains dialogues gagneraient à être plus ciselés pour moins alourdir certaines pages de maxi-bulles, mais un certain sens de la formule atténue par moment cet aspect. Mais les thèmes sont clairs et le propos qui se dessine semble porter un point de vue pas si commun dans le production BD hexagonale.

Couverture du premier numéro de Hoop Island

En ce qui concerne Antoine Zerafa, dessinateur des trente-cinq pages de ce premier numéro, un constat : vous voyez Ousmane Dembélé, époque Rennes/Dortmund ?
La même, niveau BD. Un diamant brut qu’il faut polir.

L’artiste fait preuve d’un sens du mouvement réjouissant et d’un talent déjà assez fou en terme de découpage. La page 27 (27, 93 j’ai la recette, comme un signe) est un sublime gaufrier de 12 cases qui rappelle David Aja sur Hawkeye. Cette planche n’est pas la seule qui va s’amuser du cadre et du rythme de lecture de façon originale : la palme revenant à celles introduisant le héros et qui vont se terminer sur une double page lui donnant instantanément un charisme dingue — et une certaine idée du potentiel fou d’Antoine Zerafa.

Reste une grande marge de progression pour les deux auteurs : s’approprier les codes des multiples genres investis pour développer sa propre identité, synthétiser par moment les dialogues pour les rendre plus impactants, enrichir petit à petit les décors de détails et affiner l’encrage et le trait pour accentuer encore plus un talent visible pour le mouvement.
Mais le cœur et le talent sont là, et c’est le plus important et le plus impressionnant. La direction se dessine surement, les personnages sont déjà bien encrés et le cliffhanger final ne laisse qu’un seul choix au lecteur : vouloir lire la suite. Et ça, quelques soient les remarques que j’aurais à faire, c’est comme une frappe enroulée d’Ousmane dans la surface : imparable.
1–0. Bravo les gars.

Vous pouvez lire gratuitement le premier numéro sur Mangadraft mais aussi le télécharger en HD sur Gumroad et évidemment soutenir les deux artistes sur Tipeee ! Parce que payer les artistes, d’autant plus quand ils se lancent avec autant de passion : c’est im-por-tant !

Illustration (pour le Tipeee) de Hoop Island par Antoine Zerafa

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Antoine Boudet

Journaliste indépendant, passionné par les cultures de l’imaginaire